
Chers lecteurs, je vous propose, pour ce premier article de l’année, de rencontrer Marie, ancienne directrice d’hôpital, devenue comédienne puis fleuriste, aujourd’hui installée dans le 5ème arrondissement parisien.
A la célèbre question « que veux-tu faire plus tard ? » posée par les adultes aux enfants, Marie répondait systématiquement « clown ». Les années passent et la réponse ne change pas. Ce que les adultes trouvaient mignon à l’âge de 5 ans les surprend désormais, ils répètent « mais vraiment Marie, quel métier veux-tu faire plus tard ? ». La réponse persistait et l’enfant attendait patiemment que ses parents l’inscrivent à l’Ecole du cirque.
Marie, brillante à l’école, n’est jamais inscrite au cours de cirque et entre à Sciences Po après son bac. Elle rejoint quelques années plus tard les bancs de l’Ecole Nationale de Santé publique à Rennes (aujourd’hui Ecole des hautes études en Santé publique) pour suivre la formation de directrice d’hôpital, fonction qu’elle exercera pendant de nombreuses années.
Cependant, l’idée de devenir clown et de battre les planches n’a pas disparu de son esprit. Elle décide de prendre une disponibilité de plus de dix ans pour démarrer une carrière de comédienne. La jeune femme se forme au cours Florent et rejoint plusieurs projets sur scène et devant la caméra. Si parmi ces derniers, certains lui tiennent à cœur, elle comprend rapidement que pour vivre de ce métier, il faut porter ses propres projets. L’idée de créer une histoire dont elle serait le chef d’orchestre, le metteur en scène, commence à faire son nid.
A la fin de sa disponibilité, la comédienne doit faire un choix entre retourner à l’hôpital ou continuer à jouer. Elle choisit le premier et rejoint un établissement au nord de Paris. Le retour, plus difficile qu’elle ne l’avait imaginé, la rend malade et en quelques mois, un médecin lui demande de s’arrêter. Pouvant alors ne penser qu’à elle et réfléchir à ses ambitions, elle entre dans une phase de contemplation rêveuse et réfléchit longuement à la suite de son histoire.
C’est alors qu’une fulgurance la frappe. En passant devant le local du boulevard Port Royal, situé à côté des hôpitaux Val-de-Grâce et Cochin et de maisons funéraires, elle est prise d’une révélation « il faut une boutique de fleurs ! ». Ses talents de comédienne lui permettent d’obtenir tous les financements nécessaires à la réalisation de son projet. La fleuriste en devenir entreprend une formation, apprend rapidement aux côtés d’artisans parisiens et ouvre les portes de sa boutique.
Aujourd’hui, Muscari est un lieu de jolies choses, un jardin d’hiver où se côtoient fleurs et objets chinés dans une ambiance très paisible. Véritable repère de quartier on s’y arrête après avoir fait son marché à Port-Royal, on flâne, on discute un moment et on repart avec un magnifique bouquet de fleurs françaises. Pour Marie, il était essentiel de faire revivre une filière nationale valorisée par le collectif de la fleur française et de ne proposer que des fleurs de saisons. Avant un dîner, on pousse les portes de Muscari pour acquérir un joli « muxu » (« baiser » en basque) qui ravira notre hôte. Le concept ? Un mini bouquet de fleurs fraîches ou séchées dans un joli soliflore chiné par Marie en brocante.
Lors d’une discussion tardive un soir d’été, Marie réalise et me confie « en fait Estelle, j’ai créé mon propre théâtre ! Regardez la vitrine où les passants font office de spectateurs, la décoration toujours changeante les planches en chêne que j’ai faites poser au sol, et l’arrière-boutique qui fait office de coulisses. Je tiens le premier rôle et les clients qui vont et viennent sont autant de personnages qui me donnent la réplique. Ensemble nous jouons une pièce improvisée qui jamais ne finit ! ». Le rêve de la petite fille se serait-il réalisé ?
Alors que la Saint Valentin approche, si vous êtes sur Paris, je vous invite à pousser les portes de ce jardin dans la ville et à prendre votre place sur la scène Muscari.
Chers lecteurs, j’espère que le parcours hors du commun de Marie vous a touchés. Je vous propose de découvrir plus en détail son univers sur son compte instagram et son site internet.
Je vous souhaite un très beau dimanche,
A bientôt,
Estelle